Fils d’éleveur, cavalier passionné et sportif lucide sur le devenir de son sport, Geoffroy de Coligny nous raconte ses débuts et son ascension vers le plus haut niveau. Après Edward Levy, voici un cheminement différent mais tout aussi fructueux qui nous permet de mieux comprendre à quel point à défaut de structure formatrice existante, seul l’environnement familial et social permet pour l’instant à des jeunes cavaliers ambitieux d’accéder à un bon niveau sportif

Comment t’est venue la passion du cheval ?

« Le cheval, c’est une histoire de famille. Mon grand-père était déjà dans les chevaux, mon père aussi donc je n’ai jamais été forcé d’aller vers eux, ça s’est fait naturellement. On vivait cheval, on dormait cheval, toute l’année donc cette passion je n’ai pas pu y échapper. Ma famille est d’abord tournée vers l’élevage avant le sport, une double tâche extrêmement prenante au quotidien et qui ne nous laisse pas beaucoup de répit. J’aime les chevaux mais j’ai avant tout un esprit de compétiteur, quel que soit le sport. C’est une chose naturelle pour moi de vouloir toujours gagner donc le cheval a finalement été ma solution pour me réaliser en tant que sportif. Mais rassurez vous j’ai très vite pris goût à tout ce qu’il y a autour du concours et du cheval ! »

Quel est ton bagage scolaire ?

« Je n’ai pas un gros bagage scolaire, ce n’est pas ma qualité première ! Pourtant j’étais assez bon à l’école, mes parents me poussaient de toute façon dans cette voie. Sauf que mon père voulait également que je fasse des concours jeunes chevaux les lundi et me disait « bon tu loupes juste un jour d’école mais je te fais confiance tu travailles à côté ! ». Pour un jeune ces contradictions sont tout de même un peu difficiles à assimiler… Puis j’ai eu la chance d’avoir des propriétaires qui ont investi pour moi quand j’étais encore très jeune, avec de bons chevaux, donc j’ai voulu saisir cette opportunité là en sacrifiant mes études. Chose que je regrette un petit peu aujourd’hui, notamment en ce qui concerne les langues car mon anglais pourrait être meilleur par exemple. Mais pour le moment ces choix de vie m’ont plutôt été favorables, j’ai aujourd’hui les mêmes propriétaires qui me suivent donc finalement c’est une belle histoire.

Au bout d’un moment j’ai bien senti que je ne pouvais plus gérer les études et la compétition sur le même front. L’école ne me plaisait plus, je ne pensais qu’à l’équitation et j’ai tout doucement décroché en première et terminale S. Je suis allé jusqu’au Bac, que je n’ai pas eu. J’ai sacrifié l’école pour le sport. En revanche, mes parents, à travers l’éducation qu’ils m’ont donné, m’ont toujours intéressé à beaucoup de choses, la géopolitique internationale, la culture. Je lis beaucoup sans me forcer, c’est un plaisir et je pense que c’est important de ne pas se laisser enfermer dans le seul monde équin. »

Le sportif de haut niveau est maintenant un business man, affirmation véridique pour toi ?

« Le sport équestre a clairement évolué, nous ne sommes plus dans le même monde qu’avant. Le cavalier doit désormais être un chef d’entreprise sachant bien s’exprimer, gérer son image, avoir un business plan solide… Le projet de l’Académie Delaveau est pour moi très bon. C’est une autre façon de penser le sport, qui a énormément changé et nous pousse toujours à être meilleur dans tous les domaines. J’aurais aimé à mon âge avoir un projet d’études similaire, c’est sûr ! »

Photo : Mélanie Denis